Guillaume CHAZOUILLERES Chef d'entreprise Magazine N°29
Les agents commerciaux peuvent représenter une alternative intéressante pour les PME qui souhaitent conquérir de nouveaux marchés en limitant leurs investissements. Gros plan sur une profession en pleine expansion.
Quiches, pizzas, roulés aux saucisses... Pour vendre sa charcuterie pâtissière et continuer à gagner des mètres linéraires dans les rayons de la grande distribution, Bertrand Marques, gérant de la PME aveyronnaise La Table des Grands Causses, mise entièrement sur l'efficacité de ses six agents commerciaux. «Sans l'appui de ces professionnels expérimentés, parfaitement implantés auprès des centrales d'achats, je n'aurais sûrement pas connu le même essor. Sans compter qu'ils me coûtent beaucoup moins cher que des salariés à qui je devrais également payer véhicules et hôtels toute l'année. L'entreprise est donc gagnante sur tous les plans», résume le dirigeant qui, après cinq ans d'activité, réalise aujourd'hui 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires dans le Sud de la France et la Région parisienne. Cette stratégie est loin d'être un cas isolé. Alors qu'ils étaient encore tout juste 15 000 il y a une petite vingtaine d'années, les agents commerciaux sont aujourd'hui plus de 35 000 à exercer en France, selon la Fédération nationale des agents commerciaux (Fnac).
Un statut particulier. A la différence des VRP exclusifs ou multicartes (autrement dit travaillant pour une ou plusieurs entreprises), ces professionnels de la vente ne sont pas salariés, mais mandatés par une ou plusieurs entreprises. En tant que travailleurs indépendants, ils peuvent avoir des salariés et paient eux-mêmes l'ensemble de leurs charges sociales. Pour beaucoup de petites sociétés, ces derniers permettent de pénétrer de nouveaux marchés sans risque. En effet, ils ne bénéficient d'aucun revenu minimum, contrairement aux VRP exclusifs qui perçoivent un salaire garanti équivalent à 520 fois le taux horaire du Smic par trimestre, hors frais professionnels et ce, quelles que soient les performances de l'entreprise. Au contraire, la rémunération des agents commerciaux est fonction du montant des ventes qu'ils réalisent, avec des commissions sur le chiffre d'affaires qui s'échelonnent entre 1 et 15% selon la complexité de la mission. En clair: s'il ne fait pas de chiffre d'affaires, l'agent n'est pas rémunéré!
Pour recruter un agent commercial, plusieurs solutions s'offrent à vous. Pensez d'abord à faire appel aux fédérations professionnelles. Il en existe deux en France: la Fédération nationale des agents commerciaux (Fnac, www.comagent.com) et l'Association professionnelle des agents commerciaux de France (Apac, www.apacfrance.com). Ces structures vous permettent de rencontrer des professionnels via des manifestations organisées tout au long de l'année ou encore de recruter directement votre agent en publiant une annonce sur le Web (100 euros pour une annonce qui paraîtra pendant un mois sur le site internet www.comagent.com). Autre piste: les chambres de commerce et d'industrie et le site de recrutement www.carrierecommerciale.fr mettent également en relation mandants et mandataires. En tout état de cause, n'hésitez pas à faire passer un véritable entretien d'embauché à votre agent commercial. La profession est encore peu réglementée: une simple inscription au greffe du tribunal de commerce suffit pour pouvoir exercer. «Mieux vaut donc exiger le maximum d'informations sur le passé et l'expérience du professionnel que vous avez en face de vous afin de vous assurer de sa parfaite compétence», résume Yves Lacaille, président de la Fédération nationale des agents commerciaux.
Pensez aussi à vous ménager quelques garde-fous: «Un chef d'entreprise peut, par exemple, demander à être régulièrement informé des résultats obtenus par son agent», explique maître Gérard Picovschi, avocat spécialisé en droit des affaires. Souvenez-vous qu'il est possible d'ajouter une clause de non-concurrence au contrat: une entreprise est en droit de demander à son agent de ne pas travailler pour une autre PME positionnée sur le même marché.
Grâce à mon expertise, je fais gagner du temps à mes mandants
Xavier Crenn, 58 ans, basé à Carantec (Finistère), est spécialisé sur le marché anglais depuis plus de vingt ans. Il travaille aujourd'hui pour une vingtaine de mandants positionnés sur des secteurs très divers (fruits et légumes, produits laitiers, volaille, riz...). «Les entreprises qui recourent à mes services le font généralement pour gagner du temps et limiter leurs investissements à l'export» Il reste, de fait, difficile pour une PME de pénétrer seule un marché étranger. «L'entreprise doit en connaître les règles de fonctionnement pratiquer la langue, maîtriser la culture locale... Je tâche d'apporter toutes ces compétences.» L'homme négocie directement auprès des réseaux de distribution et traduit systématiquement l'ensemble des documents commerciaux (factures...). Il tâche aussi de résoudre toutes sortes de litiges entre ses mandants et leurs clients. Ses commissions tournent, en moyenne, autour de 4% du chiffre d'affaires. Et ses interventions sont un succès: ses mandants auraient vu leurs ventes augmenter de 8 à 10% l'an dernier.
Il faut accompagner ses agents, les former et les soutenir
Voilà maintenant deux ans que la PME toulousaine Pâtes Fraîches Luison a fait le choix de recruter six agents commerciaux pour assurer sa croissance en dehors de la région Midi-Pyrénées. Pour Pascal Decuq, «il est de plus en plus difficile de trouver des vendeurs compétents».
L'agent est donc une alternative intéressante. «De
plus, ce type de contrat nous offre une grande souplesse. Si l'agent ne
fait pas de chiffre, nous ne lui versons aucune commission. Nous
limitons ainsi les risques.» La PME verse des commissions entre 3 et 5% du chiffre d'affaires réalisé par ses agents.
«La mission des agents
consiste à renforcer la présence de la marque dans la grande
distribution. En résumé, à démarcher les centrales d'achats, à négocier
les prix de vente, à favoriser les animations en magasin, tout cela dans
une région donnée.» Si ces professionnels ont carte blanche
pour parvenir à leurs objectifs, Pascal Decuq reconnaît tout de même les
assister au moment des négociations: «Lorsque vient le moment de
parler chiffres, je fais en sorte de les accompagner en rendez-vous. Je
tâche également de les appeler toutes les semaines pour faire un point
avec eux. Et ce, même s'ils ont été parfaitement briefés au préalable
sur nos objectifs et notre culture d'entreprise.» Cette
formule lui apporte satisfaction. L'entreprise a vu son chiffre
d'affaires global! passer de 1 MEuros en 2005 à 3 MEuros en 2007. Elle
vise 4,5 millions cette année et 6 millions en 2009. A titre d'exemple,
Pâtes Fraîches Luison a conquis le marché parisien: inexistant il y a
encore un an, il pèse aujourd'hui près de 500 000 euros.
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